La Salsa

La salsa (mot espagnol qui signifie « sauce » et, au sens figuré, charme, piquant) désigne à la fois un genre musical et une danse ayant des racines cubaines. Cette musique de danse au tempo vif est popularisée dans le monde entier.

Un musicien (ou chanteur) ou bien danseur de salsa est appelé salsero (salsera au féminin).
Formation typique

Un groupe de salsa :
Les instruments utilisés dans la salsa sont le résultat de plusieurs siècles d’innovation et de développement. Comme les cultures autochtones ont été virtuellement détruites par les colonisateurs européens, il reste peu de preuves de leurs contributions musicales. Certains termes et instruments ont cependant survécu.

Pour plus de détails, voir l'article : instruments de la musique cubaine.

La formation typique comprend :

une section rythmique :
basse : Son rythme est appelé tumbao.
piano : son rythme est le montuno, adapté du rythme joué au tres. C'est Arsenio Rodriguez qui a enseigné à son pianiste à jouer ce rythme.
des percussions :
congas : (aussi appelées tumbadoras à Cuba). Instrument de la rumba avec lequel on joue notamment le rythme du guaguanco. Arsenio Rodriguez l'a introduit dans le son cubain, qui est devenu son montuno. Le rythme des congas est aussi appelé tumbao.
bongos : utilisés par le son cubain, ils avaient été remplacés par les congas dans le son montuno. Avec la salsa, les deux instruments cohabitent.
Le timbal ou les timbales : Ressemble à une batterie mais sans grosse caisse, avec des fûts métalliques. Provient du danzón, repris par le mambo et les formations de type charanga. Tito Puente en a fait un instrument majeur de la salsa.
une section cuivre (appelée « metales » en espagnol) : trompettes, trombones, parfois saxophones ;
flûte(s) et violon(s), dans les formations de type charanga, issues du danzón, ainsi que dans la timba
des voix :
chant : les chanteurs improvisent souvent. Ceux qui sont doués pour cela sont appelés soneros. Dans les morceaux influencés par le guaguanco (une des formes de la rumba), le chant commence souvent par la « diana », des « a lé la lé lala » plaintifs…
chœurs (en espagnol : « coro »).
Le nombre de cuivres, de voix et de percussions peut varier.

On peut aussi trouver dans certains morceaux ou groupes un vibraphone.

Durant les années 1970, la plupart des groupes tenteront, en faisant varier ces paramètres, de créer « leur » son.

Les variations à base d'instruments européens, africains et créoles ont produit beaucoup de combinaisons en fonction du style de musique interprétée et des instruments disponibles. Beaucoup d'ensembles cubains sont dérivés de la tradition orchestrale alors que d'autres sont une combinaison de styles de musique folklorique et paysanne.

Racines musicales cubaines :

Couple d'élèves, lors d'un cours de salsa.
Ce qu'on appelle aujourd'hui salsa est un terme aussi large que jazz ou rock. Difficile à définir et sujet à controverses, ce complexe musical est une fusion de plusieurs genres musicaux, d'où le nom de "salsa" qui signifie "sauce" (un mélange de plusieurs ingrédients). Il est issu de nombreux rythmes tels que le son, le mambo et la guaracha de Cuba, la plena et la bomba de Porto Rico, et de différents styles tels que la charanga, le conjunto (en), le sexteto et d'autres. Mais il est principalement basé sur une fusion de son montuno et de mambo. Les premières chansons sont Dónde estabas anoche (1925, Ignacio Piñeiro), Don lengua et Échale salsita (1933, Ignacio Piñeiro). Par confusion ou par but commercial, on utilise parfois le terme "salsa" pour y englober d'autres genres incompatibles tel que le merengue, le cha-cha-cha, voire la latin house, la cumbia, la bachata. En 1952 José Curbelo écrit les chansons "La familia", "Sun Sun Babae" et "Mambo cha cha cha"; en 1955 le chanteur cubain Cheo Marquetti forme le groupe "Conjunto salseros" après une expérience de travail au Mexique, et compose les chansons Sonero et Que no muera el son. Dans cette période aussi Benny Moré compose des jolies chansons (Castellano, que bueno baila usted, Vertiente Camaguey, Son guajiro et Santa Isabel de las layas).

Le terme salsa englobe cette variété de styles rythmiques et de formes musicales. Pour étudier les racines de la salsa, nous devons nous tourner vers Cuba à cause de ses contributions énormes à ce type de musique. Des pays comme les États-Unis, Porto Rico, le Venezuela, le Mexique, la Colombie et la République dominicaine ont aussi contribué au développement de la salsa, mais c'est à Cuba que furent développées ses bases.

Techniquement, la salsa peut être décrite comme un terme général qui regroupe toutes ces musiques, lesquelles sont toutes structurées autour d'une cellule rythmique appelée clave. Ce qui distingue le rythme de la salsa est cette structure rythmique dans laquelle présence et rythme sont strictement maintenus par les musiciens et les arrangeurs, qui créent ainsi une base rythmique unique dans les styles musicaux d'origine afro-caribéens.

La musique cubaine est une fusion d'harmonies, de mélodies, de rythmes et d'instruments d'Afrique et d'Europe. Cette fusion continue d'éléments dès le xvie siècle a donné naissance à une multitude complexe et fascinante de formes musicales, donnant à la salsa sa variété d'aspects, d'instrumentations, de pas de danse, de formes poétiques, de structures et de phrases rythmiques et mélodiques.

Un facteur majeur dans le développement de la salsa est sa connexion profonde avec plusieurs styles de percussion, ceci plus particulièrement à Cuba, où les peuples africains réduits en esclavage purent préserver leurs traditions sacrées et séculaires de percussion. Un élément unique de cette tradition est le lien entre musique naturelle, telle le punk ou le rock, et langage où la parole s'étend au-delà du morceau pour devenir un instrument.

Cette intégration de la percussion dans la culture populaire est peut-être la caractéristique dominante des musiques afro-cubaines—et de toutes les musiques afro-centristes.

L'héritage rythmique de la salsa est directement lié à la musique populaire cubaine. D'importance particulière à cet égard sont les formes connues comme rumba, son et danzón, lesquelles représentent la consolidation d'éléments séculaires et religieux africains et européens.

Le son montuno
Le son montuno a été fondé par le cubain Arsenio Rodriguez vers 1930 à partir du son cubain (apparu au carnaval de Santiago de Cuba en 1892, et issu du changüí né vers 1860, jouée par un trio de musiciens : un « tres », des bongos et parfois des claves et un instrument de basse, la marimbula au début), en remplaçant le tres par le piano et les bongos par des congas jouant le rythme rumba du guaguanco. Un grand sonero est Benny Moré (Caballero que bueno baila usted, Vertiente Camaguey et Santa Isabel de la layas); aussi Roberto Faz est un grand sonero (El sonero de Cuba).

Diffusion de cette musique à Porto Rico puis New York
La création de l'État libre et associé de Porto Rico en 1952 déclenchera de grandes sorties migratoires de cette île vers la côte Est des États-Unis, et spécialement vers le Spanish Harlem (El Barrio), une partie du quartier « East Harlem » de Manhattan à New York entre la 1re et la 5e avenue et les 96e et 125e rues Est (on les baptise Nuyorican).

Ainsi, de nombreux musiciens portoricains et cubains (comme Arsenio Rodriguez, Josè Curbelo et Machito) jouent à New York les rythmes latins à la mode. Ces rythmes proviennent majoritairement de Cuba, alors centre de la vie culturelle des Caraïbes de par sa situation géographique.

Mais après la révolution cubaine achevée en 1959, de nombreux Cubains émigrent aussi aux États-Unis (New York et Miami). Cuba, par l'embargo, perd son rôle culturel central, laissant à New York ce rôle de pôle d'attraction.

La musique à New York sera alors majoritairement d'inspiration cubaine, jouée par des musiciens de toutes les Caraïbes. En particulier, le combo de Cortijo et son chanteur Ismael « Maelo » Rivera cumulent les premières en jouant ces rythmes lors d'une tournée à New York. Les Portoricains ne délaissent pas pour autant leurs propres rythmes (bomba, plena…).

New York voit défiler plusieurs modes venues de Cuba :

le son cubain en 1928
le mambo en 1949 (après avoir transité par le Mexique)
le cha-cha-cha en 1954
la pachanga en 1964,
le boogaloo en 1966 (proche du rhythm'n'blues, influencé aussi par le latin jazz), destiné à contrer la musique des Beatles et donnant aux latinos des Ėtats Unis l'occasion de se rapprocher de la culture rock et de s' éloigner de celle de leur parents. De cette évolution naîtra la salsa à New York).
Vers 1967, les musiciens cubains vont revenir à des sources plus latines, le son montuno particulièrement.

Les musiciens new-yorkais vont innover en utilisant également des bongos et en ajoutant un ou plusieurs trombones à la section cuivre (Eddie Palmieri et la Perfecta, Willie Colón inspiré par Mon Rivera).

Citons : Lebron Brothers, Charlie Palmieri, Johnny Pacheco, Richie Ray et Bobby Cruz, Willie Colón, accompagné de Celia Cruz, Héctor Lavoe puis Rubén Blades, Ray Barretto, Roberto Roena, Cheo Feliciano, Bobby Valentin… (la plupart font partie de la maison de disques Fania, qui est à la salsa ce que la Motown est à la soul).

Incontestablement l'origine de la salsa en tant que style musical propre se trouve à New York et le label Fania en est le principal producteur. Si la salsa est bien la petite fille des styles musicaux cubains et portoricains, elle est surtout la fille du boogaloo du Spanish Harlem. La salsa devient un rythme symbole identitaire de tous les latinos, de New York aux Caraïbes. Elle retourne ainsi à Cuba et Porto Rico, mais pas seulement, et en particulier la Colombie s'appropriera cette musique au point de faire dans la fin des années 1980 Cali, "capitale mondiale" de la salsa. Le concert organisé en 1971 au club Cheetah à New York dans lequel vont se produire 6 des vocalistes de salsa les plus importants de l’époque est souvent[Par qui ?] considéré comme le lieu de naissance de la salsa. Ce concert de la Fania All Stars est immortalisé dans le film "Our latin thing", coproduit par Jerry Macusi (un des 2 fondateur du label new yorkais Fania). À partir de 1973, sous l'impulsion de la Fania, le nom de salsa sera massivement utilisé commercialement pour désigner ce mouvement.

Salsa colombienne et salsa cubaine

La salsa se diffuse ensuite en Colombie (patrie de la Cumbia et du Vallenato, et de très nombreux rythmes : Joe Arroyo, Fruko, Yolanda Rayo, Jairo Varela (es) (ou Jairo Varela Martínez), Grupo Niche, Son de Cali, Kike Santander (es) (ou Flavio Enrique Santander Lora) et Guayacán Orquesta…, et partout dans le monde. L'une des principales villes de la Colombie : Santiago de Cali (Cali) devient un symbole mondial de la salsa et le vivier des chanteurs et danseurs reconnus mondialement dans cette discipline. Les habitants de Cali (les caleños), ont fait de la salsa leur moyen d’expression culturel, et leur façon d'exister est fortement influencée par ce genre musical, au point d'exceller mondialement en tout ce qui concerne la salsa. Le World Salsa Championships est la compétition latine pour évaluer et primer les meilleurs danseurs de salsa. Les "caleños" ont conservé depuis longtemps le titre de champions mondiaux de la salsa groupe et cabaret.

Cali est notamment considérée la capitale mondiale de la Salsa1. Depuis 1957 Cali organise l'une des fêtes de la salsa les plus importantes du continent américain : la Feria de Cali, cette fête est un lieu de pèlerinage obligé pour tous les mélomanes et danseurs de la salsa, d'ailleurs les plus grands de la salsa s'y sont donné rendez-vous à plusieurs reprises : Celia Cruz, Héctor Lavoe, Richie Ray, Bobby Cruz, Bobby Valentin, Cheo Feliciano, Willie Colón, Gilberto Santa Rosa, Mariano Civico, Los Van Van de Cuba, The Lebron's Brothers, Grupo Niche, Víctor Manuelle, Son de Cali, La India, El Gran Combo de Puerto Rico et Guayacan entre autres. Les écoles de danse de salsa les plus reconnues se trouvent également à Cali; Swing Latino, Constelacion Latina, Las Estrellas Mundiales de la Salsa, Fusión Latina, Fundación Escuela y Academia de Baile King of the Swing, Identidad salsera, Formación Artística Cali Swing, Estilo y Sabor et Salsa Swing Univalle parmi d'autres.

À Cuba, le mot salsa est très peu utilisé pour parler de musique (il a été adopté pour désigner la danse casino pour les touristes). On continuera à parler de Casino ou de Son ; celui-ci sera modernisé par le groupe de Juan Formell, Los Van Van et s'appellera d'abord songo, avant de devenir la timba à la fin des années 1980, avec NG La Banda. La salsa cubaine est représentée par Adalberto Álvarez, Albita, Grupo Batazo, Willy Chirino, certains titres de Maraca et d'Issac Delgado (La vida es un carnaval, une cumbia arrangée en salsa pour Celia Cruz). Le terme salsa étant très populaire, les non connaisseurs emploient le terme salsa cubaine pour désigner également la timba pratiquée par Los Van Van et d'autres.

La Salsa Romántica

Le couple Marc Anthony et Jennifer Lopez qui ont chanté ensemble des duos de Salsa Romántica
À partir de 1981, l'industrie en crise va tenter d'élargir son public. La salsa devient Salsa Romántica (ou Salsa Sensual, Salsa Sexy : principalement des reprises de ballades romantiques ou boléros; les textes et les arrangements sont moins agressifs, plus « mous ». Les pionniers seraient Orquesta Versalles avec le single Todo se derrumbo, une reprise d'une ballade de Manuel Alejandro, orchestrée en salsa par Fitto Faster "Palabra". Le terme Salsa Romántica est dû à Louie Ramírez, qui avait sous-titré l'album Noche Caliente, Los éxitos más románticos de ayer en ritmo de salsa. Willie Rosario qualifiera cette musique de Salsa Monga, elle deviendra Salsa Erótica (puis Salsa de Escritorio suivant Tommy Muriel).

A posteriori, on qualifiera alors la salsa des années 1970 de salsa dura, salsa gorda ou encore salsa clasica. Parmi les premiers chanteurs de salsa romantica : Eddie Santiago, Frankie Ruiz, Lalo Rodríguez, Willie González. Et leur nombre n'a fait que croître depuis les années 1990 : Luis Enrique, Jerry Rivera, Rey Ruiz, Marc Anthony, Tito Rojas, Tito Nieves, José Alberto ‘’El Canario’’, Tony Vega, Víctor Manuelle, Domingo Quiñones, Michael Stuart et tant d'autres…